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Une histoire sans fin
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29 novembre 2010

Les missions de Théo

Théo parle. Flot confus de paroles. Par moments son père essaie de l’interrompre pour l’interroger, y voir un peu plus clair dans toutes ces histoires plus invraisemblables les unes que les autres. Théo s’est laissé prendre à un jeu qui, au début, l’a amusé: messages à retrouver dans des jeux de piste de plus en plus complexes, messages à transmettre sur le site web où il s’est inscrit, messages à déposer dans des boîtes aux lettres d’habitations de la région, messages à cacher dans des endroits invraisemblables — rochers de la forêt, arbres creux, fissure dans des murs, statues du parc du château, pare-brise de voitures, sièges de trains de banlieue, squats, maisons abandonnées, ruines, buissons…— peu à peu, tout lieu, tout espace, tout objet, devenait pour lui une cache possible, prenait une valeur autre s’intégrant dans un univers de mystère et de jeu transformant sa vie, le rendant prisonnier d’un univers virtuel où il ne savait plus ni ce qu’il faisait ni pourquoi, ni pour qui, il le faisait. Puis les messages se sont transformés en paquets qu’il lui était interdit d’ouvrir, qu’il devait déposer ici ou là sans ne jamais voir personne car il lui était interdit de tenter de découvrir celui, celle, ceux qui venaient par la suite en prendre livraison. Les messages — les objets…— qu’il transmettait arrivaient également chez lui de façon étrange : il les trouvait fixés au cadre de son vélo à la sortie du lycée, dans son blouson quitté au vestiaire de la salle de sport, dans son casier à la piscine… parfois même tout simplement par la poste, sur le site où les messages qui lui étaient destinés étaient signé Kitsi, son nom de code, ou par des mails apparemment anodins mais dont il ne pouvait être que le seul à comprendre la signification.

Peu à peu le jeu est devenu trop sérieux, Théo a décidé d’abandonner. Il ne voyait plus l’intérêt de se laisser ainsi manipuler comme une marionnette sans aucune vision globale de ses actes. Quelqu’un tirait des ficelles dont il ne voyait pas où elles menaient, il n’était qu’un pion et ça lui déplaisait. Il n’a pas obéi à un message, jetant à la poubelle une enveloppe qu’il avait à déposer dans un objet précis exposé à la salle des ventes. Le lendemain les pneus de son vélo étaient lacérés et il reçut un mail lui recommandant la lecture d’un roman interactif et génératif intitulé Trajectoires et dont lui était donnée l’adresse Internet. Lorsqu’il utilisa cette adresse, elle s’ouvrit sur la page suivante:

«Date : thurs 03 august … 08:00:00 + 0002
From : outis@niemand-online.pt
To : Kitsi@gatinais.com
Subject : je te retrouverai n'importe où.

Tes fautes vont être connues de tous, Kitsi, la fuite n'a jamais raison de la mort. Crains le vingt-quatre, hier est l'ombre de demain; je n'aurai pas pitié inutile de fuir. Le temps rattrape toujours ceux qu'il poursuit. Tu vas vivre dans une panique tenace: ta famille ne te sera d’aucun secours... Ça aura lieu! Ressentiment et aversion: les disparus ne cesseront jamais de t'accompagner! Hier est l'ombre de demain: rien ne s'efface.

Outis»

La menace était des plus claires.

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