«Ce week-end notre ville accueille son vingt-et-unième
salon du livre dans une Maison pour Tous agrandie et rénovée par la
municipalité. Cette manifestation, au cours des ans, a su attirer un public de
plus en plus étendu et s’ouvrir à une grande variété de lecteurs depuis les
plus jeunes jusqu’aux plus âgés. Il ne devrait pas en être autrement pour cette
édition qui met à l’honneur le roman policier.
Pour introduire cet événement, notre collaboratrice Armelle Bouillaguet a pu interviewer Marc Hodges, célèbre auteur de romans policiers a succès qui, vivant et écrivant à Fontainebleau depuis plus de quinze ans, est cette année l’invité d’honneur du salon.
Armelle Bouillaguet : vous venez cette année au salon
avec votre dernier ouvrage Trois Jeunes Tambours, publié aux toutes jeunes éditions Relatives. Je dois dire que c’est un roman étrange, à la
limite du fantastique humoristique, très différent de votre veine réaliste
habituelle.
Marc Hodges : Je ne sais trop pourquoi vous qualifiez mon
écriture de réaliste… C’est un terme que je n’aime pas, toute écriture de
fiction est irréaliste par nature et considère la réalité à distance, comme un
alibi qu’elle met plus ou moins en avant. Les lieux dont je parle existent et
n’existent pas…
AB : le roman se déroule en Bretagne…
MH : si vous voulez. Il y a des noms bretons mais ce ne
sont que des noms… ça pourrait aussi bien se passer en Auvergne. Ce qui
m’intéresse, c’est le phénomène de lecture, comment peut-on prendre plaisir à
lire, à faire longuement l’amour à des mots ? Il est invraisemblable que
ce que disent ces mots paraisse vraisemblable. Trop d'écrivains se prennent pour Dieu et se sentent comptables du monde. Toute mon écriture porte
là-dessus. Un roman policier n’est pas un compte de faits mais davantage un
conte de fées.
AB : Je me suis laissé dire que votre prochain roman se
déroulerait dans notre région.
MH : Oui…
AB : pourriez vous en dire un peu plus à nos lecteurs.
MH : c’est un peu tôt…
AB : J’ai entendu dire qu’il porterait sur un ensemble de
faits divers qui se sont produits ici il y a peu.
MH : Si vous voulez… Oui et non… Je me suis servi de
faits divers pour construire autre chose… comme je viens de vous le dire…
AB : Il y aurait pourtant une commissaire Albertine
Schwilk, comment ne pas faire le rapprochement avec Mme Albertine Mollet qui
était commissaire à Fontainebleau l’an dernier…
MH : Comment êtes-vous si bien renseignée ?…
Albertine est un prénom. Il y a d’autres prénoms, Théo par exemple. Combien y
a-t-il de Théo dans la région ?
AB : justement… On a un peu l’impression que c’est un
roman à clefs.
MH : Si c’est le cas, alors au lecteur futur de trouver
cette clef. A mon avis, il y aura autant de clefs que de lectures et de
nombreuses serrures sans clef. C’est cela qui m’importe.»