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Une histoire sans fin
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29 janvier 2007

Théo revient

Revenue de son entreprise de cosmétique, Marie-Gineste est dans son jardin. Elle taille ses rosiers, un massif important de pieds d’origines variées qu’elle entretient avec d’autant plus de soins qu’il matérialise une des multiples traditions familiales des Cottard : à chaque occasion festive (anniversaire, Noël, fête des mères, anniversaire de mariage, anniversaire de la naissance des enfants…), les membres de la famille lui offrent un nouveau pied qu’elle plante dans cette part du jardin dont elle s’occupe personnellement et interdit — en principe, même si celui-ci donne parfois un coup de main pour l’entretien, la lutte contre les pucerons et les éventuelles transplantations, toutes actions secondaires dans le jardinage des rosiers — au jardinier. Elle s’étonne de voir combien le … de l’anniversaire de naissance 2001 de Théo a pris beaucoup plus d’importance en volume et en floraison que le … offert pourtant à la fête des mères 1998 par Arthur, son fils aîné ou que le … anniversaire de mariage de 1995 commence à dépérir. Cette occupation lui évite de penser à autre chose.

Le jardin, terrain habituel de l’expression esthétique de Marie-Gineste Cottard, est vaste, paysagé, constitué d’une grande pelouse au vert tendre et uniforme aussi doux à l’œil qu’un velours, qui entoure la maison isolée de l’extérieur par un haut mur de clôture. Entretenu avec soin, aménagée de déclivités artificielles, buttes, vallons, zones de calmes (où les jours de beau temps, pour leur plaisir personnel où pour les diverses réceptions que donne la famille, sont placées des tables, chaises, chaises longues), mis en perspective  par de nombreux bouquets d’arbres, il offre à l’œil des points de fixation : une mare dont les poissons rouges attirent régulièrement quelques colverts ; une petite grotte artificielle de meulière d’où coule le filet d’eau d’une source naturelle ouvrant la trace serpentine d’un ruisseau qui architecture l’espace avant, se perdant dans un tuyau souterrain, d’aller dans la forêt; une grande variété d’essences d’arbres: des buissons de noisetiers, deux bouquets de robiniers, trois massifs de bambous, des pruniers du Japon, au centre la hauteur massive d’un chêne plusieurs fois centenaire équilibrée par celle, plus près de la forêt d’un châtaignier impressionnant…

A cinq d’heures du soir, la lumière est encore belle et Marie-Gineste profite des derniers rayons de soleil quand le grincement un peu lointain de la porte du fond du jardin la surprend. Cette porte, qui donne directement sur la forêt, n’est que très rarement empruntée par les Cottard. Marie-Gineste s’inquiète: ni le jardinier ni la bonne n’utilisent jamais cette voie d’accès dont plusieurs fois son mari a dit qu’il fallait la faire condamner? Le «jardin des roses» — comme aime l’appeler Marie-Gineste —dissimulé à cette porte par un des massifs de bambou, elle s’immobilise, cherche dans sa poche son téléphone portable qui ne la quitte jamais, veille à ne faire aucun bruit, regarde… Qui peut bien entrer ainsi dans sa maison? Elle entend des pas prudents qui approchent, semblent se diriger vers l’arrière de la maison. Bientôt, dans le bruissement léger des feuilles, striée par les tiges de bambous, la silhouette qu’elle entraperçoit n’est autre que celle de son fils Théo.

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