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Une histoire sans fin
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16 décembre 2006

Une fête scolaire

Il y a foule dans l’espace polyvalent de la petite commune de Champagne, des femmes de tous âges, tous gabarits —avec une prédominance de volumineuses — des hommes également, un peu moins, mais également de tous âges, toutes couleurs, tous accents et des enfants… des enfants…des enfants qui courent partout entre les travées, entrent, sortent, s’appellent, crient, chahutent un peu, vite rappelés à l’ordre cependant par les grands-frères, sœurs, papa, maman, papy, mamy dont chacun tente de garder un œil sur sa chère progéniture. Ça court, ça saute, ça s’embrasse, rit, pleure, crie… les enfants de l’école maternelle, lâchés dans la foule par les institutrices enchantées de voir se terminer l’année scolaire, viennent de terminer leur chorale et sont descendus en masse de la scène. Bientôt c’est le tour des plus grands. En attendant, c’est la pause qui permet de renflouer la caisse de l’école par la vente de quelques boissons et gâteaux. Les enfants se retrouvent, se parlent —même si les plus petits cherchent plutôt leur maman—; les parents se saluent, échangent trois mots sur l’école, la chorale, le foot, les vacances. L’atmosphère est à la cordialité et la décontraction. Une institutrice a récupéré deux bambins affolés qui ne trouvent pas leur maman, une grand-mère téléphone à sa fille qui a quitté la salle, deux adolescents noirs draguent vaguement une beurette, l’adjoint au mère remet, dans l’indifférence générale, un bouquet de fleur à la Directrice d’école qui part en retraite. Le pompier de service s’ennuie. A l’extérieur le soleil brûle l’asphalte.

Une maman, jeune noire au visage très fin, tresses d’orfèvre montées en cabochon sur le sommet de son crâne, se fraye un passage dans la foule pour atteindre le pied de la scène où elle rejoint une institutrice d’environ quarante ans: —Je ne trouve pas Sylphide… vous n’avez pas vu Sylphide? L’institutrice est très calme: —ne vous inquiétez pas, on va la trouver. Vous étiez seule? —Oui, mon mari travaille… L’institutrice demande à ses collègues: —Vous n’avez pas vu Sylphide? Non, on ne l’a pas vu depuis qu’elle a quitté la scène, elle était dans le groupe de Marthe, celui des enfants vêtus de rose, très mignonne dans sa petite robe courte et ses collants roses. On demande, on demande autour de soi, les gens se renseignent. Il y a ceux qui connaissent Sylphide, ceux qui ne la connaissent pas… Une maman l’a vue tout à l’heure près de la porte de gauche, elle semblait attendre. Maman et institutrice s’y précipitent: pas de Sylphide, l’inquiétude monte. L’institutrice va sur la scène, prend le micro, lance un appel. Rien. Tout le monde cherche Sylphide, Sylphide a disparu. Chacun a l’impression que c’est son enfant qui a disparu, les mains se resserrent autour des mains, les petits sont pris dans les bras… mais Sylphide reste introuvable. Alors un garçon d’une dizaine d’années va voir le pompier qui appelle déjà la police: —«Une dame m’a dit de vous donner ça…» Ça, c’est une enveloppe. Dedans une feuille de papier. Dessus: «Ne cherchez pas, elle est avec moi… et une signature Erysichton.

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