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Une histoire sans fin
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1 décembre 2006

Théo fait de l'équitation

Il est temps d’avancer un peu… Car même si toute vie est dans les détails, si rien de ce qui est spécifique, unique et particulier —qui fait que chaque vie diffère d’une autre— ne peut être rapporté dans les généralités fonctionnelles d’une fiction, tout lecteur est en droit d’exiger de ne pas perdre son temps. Or l’écrivain est à son service…

Ce matin-là, donc, Évelyne emprunte la moto de Franck, son mari-plombier, elle se cache dans le chemin de forêt le plus proche de la maison des Cottard. Elle attend. Elle n’attend pas longtemps: Théo, en tenue d’équitation (pantalon de cheval beige et bottes de cuir) ouvre le portail de la villa pour laisser la Jaguar familiale beige sortir sur la voie publique. Madame Cottard est au volant. Théo referme le portail, monte dans la voiture qui démarre. Évelyne la suit de loin: de toutes façons elle sait où ils vont et ne prend pas le risque de se faire remarquer. Après environ un quart d’heure de routes, la Jaguar pénètre, comme prévu, dans le haras des belles mares, belle propriété châtelaine uniquement séparée des forêts qui l’enserrent par une ou deux rangées de fils-de-fer barbelé destinés à délimiter l’espace de liberté des chevaux. La voiture s’arrête devant les écuries, Théo, bombe de cavalier et cravache en meins, en descend.La voiture repart. Théo rentre dans l’écurie. Évelyne se demande quel est le meilleur moment pour agir. cachée dans un fourré, elle décide d’attendre pour voir ce qui va se passer.

Au bout d’un quart d’heure environ, Théo sort de l’écurie tenant un cheval par la bride puis monte en selle et, au petit trot, s’engage dans une allée de la forêt. Belle allure, pense Évelyne, ce gamin va encore me faire fantasmer… Évelyne a tout prévu, elle a emporté une carte très précise de la forêt: l’allée empruntée par Théo, celle de la reine, croise, un peu plus loin l’allée de Fontainebleau. Elle monte sur sa moto, rejoint ce chemin puis, au carrefour des deux voies, place sa moto de façon à empêcher le cavalier de passer sans s’arrêter. Quelques minutes: son de galop. Le cavalier apparaît dans la longue perspective de l’allée cavalière. Il voit la moto, ralentit l’allure, arrive au pas à hauteur de la moto. Évelyne sort du fourré où elle s’était cachée, prend le cheval par la bride: —Mon petit Théo, il va falloir discuter… Théo semble paralysé par la surprise: —Qui êtes-vous? Que me voulez-vous? Le ton est faux: il sait à qui il a affaire… — Ne fais pas l’imbécile, je sais que tu me connais, mieux vaut pour toi que tu me répondes, nous gagnerons du temps… —J’ai rien fait… Théo semble retourner vers le petit garçon qu’il était il y a encore peu de temps. —Ne me prends pas pour une idiote, si je le veux je peux te faire arrêter tout de suite, il suffit que j’appelle mes collègues, alors… mieux vaut que tu joues franc jeu. Pourquoi me donnes-tu, à moi, les lettres anonymes? Pourquoi t’amuses-tu à commettre des actions criminelles?… Descends de ta bête…

Élégance assurée des mouvements, Théo descend de cheval. Évelyne attache l’animal à un arbre, s’assied sur un carré de mousse entre deux blocs rocheux: —Viens ici, il nous faut avoir une bonne petite discussion. Théo ôte sa bombe, secoue, d’un vif mouvement de tête, sa souple chevelure noire, vient lentement s’asseoir à côté d’Évelyne. Il tient sa cravache en main…

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