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Une histoire sans fin
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20 janvier 2007

Description des cadavres

Pour décrire les deux cadavres, Marc Hodges s’inspire des romans de P.D.James:

«Examinant le corps sous les yeux attentifs de Lorrimer et Doyle, il s’étonnait, comme bien souvent en pareil cas, que la scène eût l’ait à ce point irréelle, anormale, si singulièrement et ridiculement déplacée qu’il dut retenir un rire nerveux. Cette impression il ne la ressentait pas aussi fortement quand le cadavre était déjà en décomposition. Pour lui, c’était alors comme si la chair pourrie, rongée de vers, comme si les vêtements souillés et en lambeaux retournaient déjà à la terre qui collait à eux prête à les engloutir et il ne leur trouvait rien de plus extraordinaire qu’à un tas de compost ou de feuilles en train de se décomposer. Mais là, avec ces projecteurs qui accusaient les formes et les couleurs, le corps d’apparence encore si humaine, était à la fois burlesque et absurde, et la joue pâle semblait aussi artificielle que le plastique taché contre lequel elle reposait. Il paraissait grotesque qu’on ne pût rien pour elle. Comme toujours, il dut refréner son envie de coller sa bouche à la sienne, de plonger une aiguille dans le cœur encore chaud pour tenter de la ranimer. » (Mort d'un expert, traduction Denise Meunier, ou Lisa Rosenbaum, ou Éric Diacon, ou Saint-Loup)

Il écrit :

Le projecteur des pompiers éclaire violemment la scène. Albertine Schwilk s’approche, regarde les corps, les imagine encore chauds tant, leur mort étant relativement récente, ils ont l’air vivant. La lumière blanche, vive, les recouvre comme de plastique, les peaux sont luisantes d’eau, les visages conservent encore un peu des couleurs de la vie mais comme cirées par la mort. La scène lui paraît presque irréelle, aussi distancée de la réalité que celles que l’on peut être amené à «vivre» dans un rêve. Elle approche encore, se penche pour mieux voir. La femme, est belle mais elle ne peut lui attribuer un âge tant les visages des asiatiques nous paraissent souvent plus jeunes qu’ils ne sont en réalité. Entre vingt et trente ans, certainement. Ses vêtements, mouillés, qui lui collent au corps, sont ordinaires: bonnet rose enfermant les cheveux, jean, doudoune grisâtre, chaussures rouges à talon plat. L’homme, à côté d’elle, semble avoir le même âge et, tant son visage à l’air paisible, Albertine s’attend presque à le voir se remettre à respirer. Des yeux noirs ouverts semblent regarder le ciel. Jeune. Cheveux courts très noirs. Il est jeune aussi. Peut-être le même âge que sa compagne. Étendu sur ce sol, sous la dureté de l’éclairage, il ne semble présenter aucun signe particulier. Si ce n’est qu’il ne respire pas. Jeans noirs, baskets de marque Nike, blouson matelassé rouge. Rien que de très ordinaire. Il va falloir attendre l’autopsie pour en savoir plus.

Albertine se relève, s’éloigne, fait signe aux ambulanciers qu’ils peuvent enlever les corps. Elle retourne chez elle.

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