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Une histoire sans fin
Une histoire sans fin
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26 décembre 2006

Le roman

Arrivé à ce point du récit des récits, maintenant qu’ils avancent à vive allure vers une fin commune, déjà prévisible, l’auteur des auteurs se dit qu’il est temps de faire le point sur son roman.

Le roman avance masqué - le roman est un jeu sur la mémoire! Peut-être que l'homme a besoin de diversions... Pourquoi écrire, les mots n'expliquent pas tout? Écrire n'est pas une nécessité vitale même si certains veulent le laisser croire! Le roman n'a pas besoin de phrases comme "C'était une de ces époques où la raison se trouvait prise dans un cercle de flammes" ou "Cette scène avait quelque chose de gentiment naïf qui me rassura". Le roman n'invente rien parce que le réel fait preuve de plus d'imagination que ne peut en avoir l'ensemble de tous les romanciers!

De quel monde le roman doit-il donc parler, on ne sait jamais où il va... Le rapport du roman au réel est fortuit... Le roman bien employé peut révéler les endroits les plus secrets de la vie; les mots ne sont que des mots même s'ils servent parfois de grappins aux hommes le roman doit faire tenir ensembles des faits contradictoires... Le roman combat contre le temps d’où ses erreurs! Le seul lieu où l'individu existe est sa propre tête. La réalité pénètre en l'homme par ses yeux, mais il n'y comprend rien tant qu'elle n'a pas pénétré sa langue, et… depuis quand faut-il s'imaginer les choses en couleurs - la cohérence du roman vient de l'acceptation de son incohérence, le seul lieu où l'homme existe est sa propre tête, il n'y a pas de cohérence dans le roman il parle n'importe comment de n'importe quoi et construit un monde avec car les histoires n'arrivent qu'à ceux qui sont capables de les raconter. Le propos du roman est donc toujours sommaire, quelques sentiments… dans un roman la perversité est plus intéressante que la normalité, l'écriture est une méthode de réflexion, un moyen de comprendre le monde et d'y trouver sa place, tout est vrai dans un roman, parce qu'un auteur n'invente rien: le roman a quelque chose - mais quoi? - à voir avec la culture générale de ses lecteurs... Il y a d’ailleurs plus de choses qu'il vaudrait mieux ne pas écrire que de choses qui gagneraient à l'être; ce sont les gens dans les livres qui devraient imaginer nos histoires... Le récit place la vie au sein d'un ordre: dans le roman l'imaginaire occupe sa place - personne ne veut faire partie d'une fiction; les histoires n'arrivent qu'à ceux qui sont capables de les décrire. Le roman bien employé peut cependant parfois révéler quelques endroits parmi les plus secrets de la vie mais un écrivain n'a qu'un nombre limité de choses à dire et la cohérence du roman vient de l'acceptation de son incohérence.

C'est alors que les mots viennent à manquer! Si un roman a besoin d'intrigues, celles-ci n'ont à être ni uniques, ni linéaires. Écrire n'est en rien une nécessité... Écrire un roman n'est qu'un jeu... Comment exprimer l'univers en paroles? Pourquoi donc faudrait-il des romans? Les choses au jour le jour n'ont pas leur place dans un roman; les mots ne sont que des mots on ne peut pas reconstituer un réel à la façon d'un puzzle! Le roman ne donne pas de leçons, il raconte simplement - tout lieu décrit est frappé d'irréalité; le roman doit donc faire tenir ensembles des faits contradictoires...

Il y a un dehors du roman: un monde où se passe autre chose et en même temps, symétriquement, un en-dedans indispensable du récit. La difficulté est de savoir se tenir dans ces espaces.

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