15 septembre 2006
Un jeune homme admirable
Tout a commencé étrangement : un matin,
un adolescent est entré au commissariat. Il a demandé à voir la
commissaire Albertine Mollet. Le planton, une jeune femme boulotte
boudinée dans son uniforme trop serré, lui a demandé «A quel sujet?».
L’adolescent — profil florentin, cheveux mi longs très noirs coupés
comme ceux d’un page de la renaissance, tenue décontractée mais plutôt
branchée de pratiquant des planches à roulettes (la jeune planton l’a
trouvé beau comme un dieu de l’antiquité. Il lui rappelait même un
portrait d’elle... [Lire la suite]
16 septembre 2006
La commissaire n'est pas supportable
La commissaire Albertine Mollet était une petite bonne femme sèche, visage en lame de couteau, nez très fin à l’arête longue séparant ses deux yeux à la façon d’un bec d’aigle et lui donnant un regard vif et profond. Elle portait la tête haute comme si elle était toujours à la parade. Cheveux mi-courts mal entretenus, raides, mal coupés qui trahissaient une grande indifférence à l’apparence physique. Son caractère était à l’avenant: vive, presque agitée, autoritaire, détestant perdre son temps en futilités inutiles, elle n’avait aucun... [Lire la suite]
17 septembre 2006
Un premier cadavre
Albertine Mollet aussi a une famille: deux frères, un de vingt trois ans, l’autre de dix-huit, une sœur de vingt-cinq, un père et une mère. A tous points de vue, c’était une femme socialement intégrée, appartenant à la petite bourgeoisie de province pour qui la loi, l’ordre et la famille étaient des principes intangibles. Du coup, ce n’était pas une femme très drôle. A elle seule elle incarnait la loi, le sens de l’ordre et le devoir de justice. On ne plaisante pas avec ces choses-là.Le jour où l’adolescent avait déposé une enveloppe... [Lire la suite]
18 septembre 2006
Aventures d'une lettre anonyme
Albertine termina très tard son enquête dans le squat de Moret-sur-Loing. Elle ne repassa donc pas au commissariat. Le lendemain la jeune planton qui avait reçu la lettre de l’adolescent était à la veille d’une période de vacances. Or, distraite parce qu’elle avait en ce moment des problèmes avec un fiancé qui semblait se lasser de sa compagnie, la tête toujours ailleurs, elle avait oublié de transmettre la consigne à celui qui devait être le planton du lendemain et de lui indiquer où était l’enveloppe à en-tête de l’hôtel Cyprus.... [Lire la suite]
20 septembre 2006
Une lettre de désespoir
Le texte de la feuille de papier crème qu’Evelyne sortit de l’enveloppe qu’elle aurait dû remettre à la commissaire Albertine Mollet, sa supérieure hiérarchique, était constitué —comme dans les films policiers ordinaires— de lettres découpées dans des journaux et collés. A l’odeur il lui sembla que la colle était de celle que les écoliers achètent en bâtons. Mais là —même si cela pouvait constituer des indices sérieux— n’était pas l’essentiel. Le texte disait en effet ceci: «Je m’ennuie. Trop. Alors que je pourrais vivre tranquille de... [Lire la suite]
25 septembre 2006
Les accidents de la misère
Albertine Mollet est dans son bureau. Elle a demandé qu’on ne la dérange pas. Chacun, dans le commissariat, sait qu’elle a horreur qu’on la dérange. Il paraît qu’elle a du travail. Tous en doutent, mais c’est la chef, alors… En fait elle lit tranquillement sur Internet les aventures de Ganançay, c’est une grande amatrice d’histoires politico-policières et elle partage une partie de son temps entre Ganançay et Un roman de Marc Hodges dont, à l’occasion, elle commente les pages.Il est vrai que son travail n’est pas très passionnant:... [Lire la suite]
28 septembre 2006
Comment se désintéresser d'une affaire
C’est Évelyne qui reçoit l’appel d’Antoine Lahorte lui apprenant que son groupe venait de découvrir un cadavre dans la grotte d’Arnette. Ayant toujours dans la poche la lettre qui lui annonçait ce fait, cette nouvelle ne la surprend pas… «Qu’est-ce qu’on doit faire demande l’homme au bout du fil?» Le réflexe professionnel dicte à Évelyne sa conduite: «Ne bougez pas, on arrive.» Elle raccroche, se lève de son siège, va vers la porte du bureau de la commissaire, frappe… «Qu’y a-t-il?» demande la voix d’Albertine Mollet. «Un cadavre» dit... [Lire la suite]
29 septembre 2006
La commissaire est perplexe
Le cadavre qu’Albertine Mollet avait devant les yeux semblait être, même si le séjour dans la grotte an avait altéré l’aspect et dans la mesure où sa lampe de poche lui permettait de voir, celui d’une vieille dame —le légiste confirmerait ou infirmerait cela— mais ce qui l’intrigua le plus, c’est que, malgré la saleté inhérente au séjour dans l’humidité de la forêt, elle semblait vêtue avec un soin extrême, comme si elle avait mis ses plus beaux habits. Cette «femme» portait aussi un médaillon qui semblait en or et, l’auriculaire de... [Lire la suite]
01 octobre 2006
Peu d'indices
Quelques jours plus tard, le médecin légiste rendait ses conclusions: le commandant de gendarmerie appela Albertine Mollet alors qu’elle était en train, en ce jour de la Saint Valentin de consulter le site des poèmes de Jean-Pierre Balpe pour voir ce qu’il écrivait sur l’amour. Ça tombait mal mais la vie ne fait que rarement preuve de délicatesse. Le commandant —il s’appelait Lucien Delsoussol et aimait à faire croire que c’était un patronyme aristocratique— lui dit: «Je vous fais parvenir les conclusions du légiste. bien sûr c’est... [Lire la suite]
02 octobre 2006
L'inspiration
Retour à l’ordre normal des chosesPendant une quinzaine de jours, l’enquête n’avança pas vraiment: on ne signalait aucune disparition de vieille dame dans la région et le fichier central des personnes disparues ne contenait aucun signalement correspondant à celui du cadavre trouvé dans la grotte d’Arnette. L’affaire commençait à ne plus présenter d’intérêt pour personne: la gendarmerie avait autre chose à faire avec les excès de vitesse, les conducteurs sans permis ou en état d’ivresse, les cambriolages de pavillons, les tapages... [Lire la suite]