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Une histoire sans fin
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19 octobre 2009

Inventaire du passager du vol AF 1784

Le soi-disant Gilbert de Clérences s’installe dans la chambre 33 (où l’on apprend ainsi incidemment qu’il est superstitieux et réserve toujours des chambres dont le numéro est symbolique, 33 est ainsi le nombre qu’il préfère car résultat de la multiplication de 3 et de 11, l’argent et la mort ; mais il peut aussi accepter tout aussi bien une combinaison de 8 et de 9, mais jamais une chambre dont le numéro se termine par 0). Elle donne sur la rue de Turbigo ce qui, en soi, n’a pas grande importance même si, comme le lecteur a pu s’en apercevoir d’ici de là dans ce roman à intrigues, les détails les plus insignifiants peuvent parfois jouer un grand rôle.

Comme à son habitude il se fait le plus discret possible s’adressant aimablement au portier mais sans plus, ne s’attardant pas à lui parler de la météo ou à lui demander des renseignements divers, traversant rapidement le salon vieillot, montant rapidement — mais sans précipitation — s’enfermer, au troisième, dans sa chambre où, avec sa méticulosité habituelle, il s’installe.

Il examine d’abord les lieux. La chambre est assez petite : un lit double, un bureau au plateau recouvert d’une plaque de verre, une armoire à deux battants avec d’un côté trois tiroirs, de l’autre une penderie, des murs beiges, une fenêtre assez grande donnant sur un petit balcon (il note qu’il est assez facile de passer de son balcon à l’un de ceux des chambres mitoyennes) et pouvant être obturée par des rideaux doubles, le plus proche de la fenêtre en feutrine noire, le plus proche de l’intérieur dans un coton imprimé en couleurs fades de motifs géométriques sans aucun intérêt. Une minuscule salle de toilette, lavabo, douche avec une fenêtre assez petite mais permettant toutefois le passage d’un homme donnant sur le puits d’une minuscule cour intérieure. Des tuyauteries permettraient cependant la descente ou la montée.

Ensuite il vide sa valise. Dans la penderie, il range ainsi un costume Boss noir, un jean Diesel délavé, une paire de chaussures Greenstone. Dans le premier tiroir : trois chemises Bexley, une Oxford bleu pâle à rayures larges, une vermont pinpoint bleu à fines rayures, une vermont Oxford gris soutenu. Dans le deuxième tiroir un pull camionneur cachemire zippé rouge velours Armani et un pistolet automatique 9 mm Kimar PK4. Dans le troisième tiroir une petite mallette en plastique noir sur laquelle on peut lire en lettres rouges Grünig & Elmiger. Dans le tiroir du bureau, il dépose des feuilles de papier à lettres, toutes à l’en tête d’hôtels différents : Best western park hotel Siegen, Mercure Nogentel, Hôtel Laguna Zagreb, Hôtel Turo de Vilana Barcelona, Hôtel Continental Venezia, Hôtel Cyprus Lefkosia, Jolly Hotel Salerno, Windsor Hotel Excelsior Copacabana, Hyatt Regency Paris, The lancaster Hotel London, Tiflis Palace Tbilisi, Hôtel villa Fontaine Tokyo,  Kanazawa Excel Hotel  avec leurs enveloppes correspondantes.

Ceci fait, il vérifie le fonctionnement du téléphone puis compose un numéro.

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