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Une histoire sans fin
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13 novembre 2006

Faire du chiffre

…du chiffre… du chiffre… il faut faire du chiffre, la Préfecture, le Ministère, tous s’y mettent. Même en coinçant les mamans qui ne mettent pas leur ceinture à la sortie de la maternelle, les amoureux qui téléphonent aux feux rouges, les excès de vitesse à l’entrée des villes… ça ne suffit pas. Bientôt faudra verbaliser les poussettes qui traversent hors des clous et les piétons distraits sur les passages cloutés parce qu’ils ont leur portable collé à l’oreille… on n’y peut rien si on n’a pas de véritables affaires, rien qui vaille à élucider. L’incendie de la maison de retraite, par exemple, un mystère. D’après les pompiers il se serait déclenché dans la cuisine, ils ne comprennent pas trop comment ou plutôt leur explication semble des plus farfelues: un gâteau pour des pensionnaires qui aurait explosé dans la nuit libérant un produit incendiaire… Si avec ça on nous prend au sérieux d’autant que ce gâteau aurait été livré pour la fête d’une pensionnaire qui devait avoir lieu le lendemain, une pensionnaire qui ne se connaît pas de parents et livré par qui? Personne ne se souvient… Et cette mémé n’a aucune fortune, rien à léguer, elle est dans cette maison depuis près de dix ans… Tout ça ne tient pas debout…

Albertine Mollet est assez énervée, sa hiérarchie n’arrête pas de l’emmerder, soi disant que son commissariat ne fournit pas son contingent d’affaires résolues, que leur taux d’élucidation est très inférieur à la moyenne nationale… elle ne demanderait pas mieux, elle, d’avoir des délits sérieux à se mettre sous la dent. Ce n’est pas le cas. Un par an, et encore, la plupart du temps c’est l’affaire de la gendarmerie, comme la profanation de sépulture ou, l’an dernier, ce cultivateur qui a empoisonné ses deux parents. Ça au moins c’est quelque chose, mais les trois doses de hash saisies à la sortie d’un lycée? D’accord, la loi c’est la loi et certains de ses subordonnés sont assez cow-boys pour prendre ça très au sérieux et lui ramener des points de permis, mais quand même!…

Et ces deux nuls de Santeuil et Puget qui parce qu’ils n’ont rien trouvé ne lui proposent rien de moins que de faire interroger Mme Cottard. Pourquoi pas la femme du Ministre de l’Intérieur tant qu’ils y sont?… Sur quoi pourrait-elle s’appuyer pour cela?

Sous l’ouragan, Évelyne et Santeuil font le gros dos. Ils n’ont pas le choix. On peut pas démissionner tous les jours, il faut bien bouffer… Évelyne ferme sa gueule: elle s’est mise dans un sale pétrin. Si encore elle n’avait pas détruit les lettres, elle pourrait essayer de faire amende honorable et prouver que son affaire était sérieuse. Mais là… destruction d’éléments de preuve, c’est le virage assuré. Santeuil, lui ne se sent qu’à moitié concerné mais elle? Comment se débarrasser de cette putain d’affaire? Pourquoi est-elle tombée sur elle? D’accord elle a fait une petite erreur en oubliant de remettre la première lettre à sa patronne, mais là, ça prend des proportions extravagantes: un grain de sable sur sa route et c’est le dérapage incontrôlé. Si encore elle pouvait se confier à quelqu’un!…

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