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Une histoire sans fin
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24 octobre 2006

Albertine enquête à la maison de retraite

Le passage à la maison de retraite «Eden 77» de By-Thomery, une ancienne maison de maître, qui avait dû être plutôt blanche et coquette, enchâssée dans la protection d’anciens murs de vigne, avait été plutôt rapide: Albertine Mollet n’avait pu que constater l’étendue des dégâts, s’inquiéter du sort des pensionnaires qui avaient été replacées dans d’autres institutions du même genre, parfois dans leur famille —en attendant… Sa rencontre avec la Directrice, qui habitait une petite maison, un peu plus loin dans le parc n’avait pas été des plus fructueuses: — je ne vois pas qui a pu nous faire ça, nous n’avons pas d’ennemis… — une famille dont vous auriez refusé un membre, un employé mis à la porte? Non! Mme Balbec, femme plutôt ronde et rose, soucieuse de sa personne ne voyait pas, elle ne s’était jamais disputé avec personne, s’efforçait de rendre service, de s’occuper au mieux de ses pensionnaires qui étaient plutôt choyés… Vous savez, nous sommes souvent leur seule famille, parce que pour ce qui est de leurs vrais parents!… —Le rapport des pompiers est cependant formel, le feu est parti de l’extérieur, semble-t-il d’un appentis sous lequel étaient entreposées des bûches… —Il paraît. C’étaient les bûches pour la cheminée de notre grand salon, les pensionnaires aimaient beaucoup s’y réunir… —et un pensionnaire? —Impossible, presque tous sont grabataires et les portes sont fermées. Je ne vois personne d’assez valide pour sortir en pleine nuit allumer un incendie! —Il y a quand même eu un incendie, et cette lettre? Albertine avait en main la lettre anonyme que la Directrice avait trouvé dans sa boîte aux lettres: une enveloppe à l’enseigne d’un «hôtel Cyprus», adressée à «Commissaire Albertine Mollet» et contenant une feuille de papier pliée en trois, sur laquelle avaient été collés des caractères découpés dans un ou plusieurs magazines (une caricature de lettre anonyme comme aiment à les présenter les feuilletons télé). Le texte disait: «Combien vous faudra-t-il de morts pour que vous me preniez au sérieux?» —Je n’ai vraiment aucune idée de sa provenance; si je pouvais vous être d’un secours quelcoqnue!… Mme Balbec semblait sincère, malheureuse de ce qui était arrivé à son établissement.

Albertine n’insista pas. Il faudrait faire analyser cette lettre bien que, à fermeture autocollante, il y avait peu de chance que l’on y trouve une quelconque trace d’ADN. Quant à des empreintes? Quelqu’un capable de découper et coller, un à un, cinquante huit caractères devait être précautionneux, méticuleux même. Le labo trouverait peut-être quelque chose dans la colle… Le seul indice étonnant était le timbre de l’hôtel Cyprus. Pourquoi, alors que l’incendiaire avait tout fait pour maintenir son anonymat, avait-il choisi une enveloppe aussi marquée? Albertine ne comprenait pas. Il faudrait vérifier ça en premier. Elle rêva un instant de prendre quelques vacances à Chypre… Mais c’était un rêve, l’affaire n’était pas assez importante pour que la PJ l’envoie si loin en Méditerrannée et même, au cas où, ce n’est pas elle qui serait envoyée. On peut toujours rêver.

Elle prit congé: —en tous cas, n’hésitez pas, si vous avez le moindre soupçon, si vos employés… à ce propos, il faudra qu’ils passent tous déposer au commissariat… pensent à quelque chose, vous appelez mes services. Il faudra aussi que vous me fassiez parvenir la liste de vos pensionnaires avec leur adresse actuelle. En attendant… —Je vais avoir du travail, les assurances, les entreprises pour les devis… — Ne vous en faites pas, on trouvera le coupable. —je l’espère!… Albertine était loin d’en être sûre, mais parce qu’elle pensait que son personnage devait dire ça, elle le dit. Après tout, c’était elle la représentante de l’ordre même si elle doutait de plus en plus de la pertinence de cette expression, tentée plutôt de se désigner comme «gérante du chaos», même si ça elle ne le disait jamais à personne.

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